29 septembre 2007

Régimes spéciaux : la réalité contre les idées reçues

(Article du quotidien "Le Monde" - 18/09/2007)

Il y a quelque chose de paradoxal à soutenir, comme tous les "bien-pensants", que la pénibilité du travail doit devenir la base du calcul de la durée des cotisations, et à condamner dans le même temps les régimes spéciaux de retraite qui sont l'incarnation de ce principe. Dans les régimes spéciaux, qui concernent moins de 5 % des salariés, la durée de cotisation donnant accès à une retraite à taux plein est encore de 37,5 annuités, le taux de cotisation salariale est en général plus faible, mais le taux de remplacement est moins avantageux que dans le régime général.

Le régime spécial des cheminots, plus que celui des parlementaires, est la cible la plus visible du premier ministre. Le taux de remplacement de la pension d'un non cadre est pourtant de 61 % du salaire chez les cheminots, inférieur au taux de 71 % du régime général.

À la SNCF, bien que le calcul de la pension s'opère sur les six derniers mois, contre les vingt-cinq meilleures années dans le secteur privé, ce taux de remplacement inférieur est dû au fait que les pensions des cheminots sont calculées à hauteur de 88 % de leur rémunération alors que le salaire intégral est la base de calcul dans le secteur privé.

D'autre part, l'âge de départ à la retraite est fixé à 50 ans chez les agents de conduite (et 55 ans chez les sédentaires). Aucun cheminot ayant débuté à 18 ans ne parvient donc à cotiser 37,5 années pour toucher une retraite à taux plein. Contrairement à d'autres régimes spéciaux, le taux de cotisation salariale non cadre est même plus important que dans le régime général ; il est de 7,85 %, contre 6,55 % pour le régime général. Le taux de cotisations patronales, de 26,4 %, est plus important que celui du régime général, de 8,2 %.

Le principal problème d'un régime spécial de ce type tient dans la faiblesse du rapport entre actifs et inactifs. À la SNCF, un actif finance deux retraités. Les projections du Conseil d'orientation des retraites indiquent cependant que d'ici à 2040, le ratio pourrait être de un pour un (en raison de la baisse du nombre de pensionnés) et que l'équilibre financier serait assuré dès 2020.

D'ici là, les cotisations ne suffiront pas à couvrir le financement du régime. Les syndicats accepteraient vraisemblablement de négocier une augmentation du taux de cotisation salariale, mais les cotisations sociales représentent seulement 38 % du financement du régime. La compensation opérée par le régime général représente 11 % et l'État finance les 50 % restant.

À cet égard, abolir ce régime spécial ne réglerait pas pour autant le problème. Cela reviendrait à transférer vers le régime général la charge de financement des retraités de la SNCF. Il faudrait alors demander aux agents de la SNCF de cotiser plus longtemps. Mais ce serait aller à l'encontre de la prise en compte de la pénibilité du travail dans la définition des durées de cotisation. C'est oublier d'autre part que les retraites ont été un moyen de moderniser l'entreprise sans licencier.

DRAMATISATION À OUTRANCE

De nombreux métiers, tels que les gardes-barrières, ont disparu, des gares et des lignes ont été fermées, et les gains de productivité recherchés avec l'informatisation et l'automatisation des guichets se sont traduits par des suppressions de postes, invisibles dès lors qu'ils prennent la forme de départs à la retraite autour de 54,1 ans en moyenne. L'allongement de la durée de cotisation n'y changerait rien.

Dans le secteur privé, l'âge moyen de départ à la retraite est resté à 57,5 ans, malgré la réforme Balladur, car les entreprises remercient leurs seniors pour réduire leurs coûts salariaux (les seniors ont des salaires plus élevés et une productivité présumée plus faible que les nouveaux entrants...). Dans ces conditions, à la SNCF, où les efforts de productivité et de minimisation des coûts sont aussi de mise, l'allongement de la durée de cotisation reviendrait, comme dans le secteur privé, à écarter un nombre croissant d'agents âgés du bénéfice d'une retraite à taux plein, dont le montant a déjà été raboté par la modification de sa base de calcul.

Si la durée de cotisation était portée à 40 annuités, la pension moyenne d'un cheminot que la SNCF ferait partir entre 50 et 55 ans serait réduite de 10 % !

La dramatisation à outrance du dossier des régimes spéciaux, jouée par François Fillon, pourrait provoquer un conflit hautement symbolique, digne de celui par lequel Margaret Thatcher vint à bout de la grève des mineurs. Leur défaite avait ouvert la voie à dix ans de néoconservatisme, auxquels succéda le blairisme, en guise d'alternance...

On ne s'étonnera aucunement que certains "modernisateurs de logiciel socialiste" n'aient "aucun tabou" à accepter l'alignement des régimes spéciaux sur le régime général hérité des réformes réalisées par Balladur puis Fillon en 1993 et 2003, imposant aux salariés de cotiser plus pour gagner moins. Le Medef en profite déjà pour réclamer un recul de l'âge de la retraite pour tous les salariés.

Liêm Hoang-Ngoc

23 septembre 2007

Régimes spéciaux, faux coupables

Après le passage de Sarkozy à la télévision, je ne peux pas m'empêcher d'écrire. Encore une fois, il a été très fort dans la communication. Quelle mauvaise foi à propos des régimes spéciaux et de la Sécurité sociale. À écouter ses propos, ce sont des privilégiés !!! Certes, ils ont un "avantage", le départ après 37.5 ans de cotisation, mais ça s'arrête là, surtout qu'ils le payent (voir tableau)... Par contre, pas un mot sur les députés. Voici quelques infos trouvées sur un des régimes spéciaux, les cheminots :


Régime général

Régime SNCF

L'âge moyen de départ à la retraite

57.6 ans

55.1 ans

Taux moyen de la pension

73%

63%

Montant moyen de la pension

1590 €

1494 €

Montant des cotisations retraite

29%

41%

Montant de la pension de réversion

75%

50%

Bonification en temps par enfant

2 ans

Rien

Possibilité de préretraite

OUI

Financement UNEDIC / FNE

OUI

Financement SNCF

Retraite Complémentaire

OUI

NON

Répartition de la contribution généralisée :

- SNCF 0.21 %

- Artisans 7.05 %

- Commerçants 14.38 %

- Agriculteurs de 69.39 %

En plus de ses informations, voici un extrait de l'article "la réalité contre les idées reçues" du quotidien "Le Monde" (18/09/2007) :

L'exemple de la retraite des cheminots témoigne que leur situation est loin d'être si avantageuse. Il y a quelque chose de paradoxal à soutenir, comme tous les « bien-pensants », que la pénibilité du travail doit devenir la base du calcul de la durée des cotisations, et à condamner dans le même temps les régimes spéciaux de retraite qui sont l'incarnation de ce principe. Dans les régimes spéciaux, qui concernent moins de 5 % des salariés, la durée de cotisation donnant accès à une retraite à taux plein est encore de 37,5 annuités, le taux de cotisation salariale est en général plus faible, mais le taux de remplacement est moins avantageux que dans le régime général.

Lisez l'article en entier, très instructif...

Un peu plus, je sortais le mouchoir à écouter notre président... Mais pas un mot sur les revenus exonérés de cotisations sociales (Stock-options, etc.). De l'argent, il y en a, mais il va falloir appliquer la rupture tant appréciée par Sarkozy. Bien sûr, taxer n'est pas la seule solution, le contrôle des dépenses, dans tous les sens du terme, est très important.

Comme d'habitude, l'équité va s'obtenir par la régression sous prétexte qu'il n'y a plus d'argent. Nos anciens doivent se retourner dans leurs tombes !

30 juin 2007

La Corse

Cette année direction la Corse pour 18 jours avec Corsica Ferries. Ile moins éloignée que les Petites Antilles, mais le temps de trajet est plus long de la maison.

Pendant ce séjour, nous avons loué à trois endroits pour permettre une visite de l'île sans trop à avoir à conduire.

En premier, nous avons dormi à Sagone (hôtel A Rena d'Oru) ce qui a permis de découvrir les calanches de Piana dit "calanques de Piana" et le Golfe de Porto. Chouette des calanques !!! Préparation du sac de plage et on va se baigner après la visite du site... Vous souriez, eh bien, nous aussi, parce que ce sont bien des calanches. N'espérez pas descendre dans l'eau depuis la route !!!!

Nous avons continué vers le col de la Croix (Alt 260m). De cet endroit, on peut rejoindre à pied la plage de Tuara (00h45) et Girolata (01h45). En prenant notre temps, nous avons mis deux heures aller-retour pour Tuara, prévoyez de l'eau.

Nous vous conseillons le petit resto de plage "le kallisté" à Sagone et ne résistez pas à l'assiette de fromages. Si vous aimez le fromage de caractère, vous allez vous régaler...

L'hôtel "A Rena d'Oru" (Vue satellite) :
  • Chambre propre qui aurait besoin d'une petite rénovation (Déco).
  • Aucune nuisance sonore.
  • Les chambres côté mer offrent une vue très sympa.
  • Sourire crispé de la gérante.

Ensuite, nous sommes allés au sud de l'île pour dormir à Bonifacio à l'hôtel "des étrangers". La ville haute est vraiment superbe... Nous nous sommes baignés dans le Golfe de Santa Manza et Santa Gulia, la plage de Tamariccio vaut réellement le détour. Dommage, l'eau était froide... La partie Porto-Vecchio à Solenzara a été visitée rapidement puisque ça ne nous a pas plu.

Un conseil, fuyez le restaurant "le clipper's" à Bonifacio, restaurant "attrapes-touristes" qui oublie de décongeler ses plats !!!! Nous vous conseillons le restaurant "cantina grill" avec des spécialités corses qui est situé sur le port.

L'hôtel "des étrangers" (Vue satellite) :
  • Hôtel bien situé (près du port).
  • Gérant souriant.
  • Chambre propre et bien décorée.
  • Tarifs raisonnables à la vue des tarifs hôteliers pratiqués sur Bonifacio.
  • Nous avions la chambre N°6 près du couloir qui donne accès aux chambres, grasses matinées impossibles.

Dernière étape et la plus longue (13 jours). Direction à Eccica Suarella, location située près des Gorges de Prunelli et Porticcio. Nous avons visité les Gorges de Prunelli et son barrage, Ajaccio, la presqu'île d'Isolella, les Iles Sanguinaires etc.

Ajaccio, ville colorée qui aurait besoin d'une bonne rénovation, mais ça reste une ville sympa. Par contre, les villages de montagne sont vraiment beaux, petites rues et maisons en granit.

Dans les gorges de Prunelli, nous avons pris le petit train du maquis. Balade très intéressante avec des explications des us et coutumes par un "local". Demandez-lui pourquoi ils n'ont pas de cochons roses, la réponse va vous faire sourire !!!! Explications sur les châtaigniers, autrefois très important pour l'économie corse. Le comble, de nos jours, ils importent de la farine de châtaigne parce que ça ne rapporte pas assez.

BILAN

Dans l'ensemble, nous avons été satisfaits de notre séjour même si on pensait trouver une île encore plus belle. On a tellement entendu "la Corse c'est magnifique" que nous avons été un peu "déçus". Bien entendu, des endroits comme les calanches de Piana, le Golfe de Porto, Bonifacio, le Golfe de Santa Gulia et les Gorges de Prunelli sont magnifiques.

Autre domaine, la charcuterie et le fromage, le tout accompagné d'un vin Corse. Excellent...

Sur l'île, nous avons fait 1670 Km en voiture. Les temps de trajet sont assez longs dû aux routes sinueuses et parfois étroites. Exemple 02h15 pour faire Sagone à Bonifacio. Petit truc sympa, si un corse te suit, le mieux est de se garer pour le laisser doubler parce qu'il roule très vite dans les montagnes. Pour te remercier, il donne un petit coup de klaxon.

Bon voyage...