Chut ! C'est un secret. Bon, je vous le dis, mais vous me promettez de ne pas le répéter. Du moins, pas avant les élections européennes. Nicolas Sarkozy et les cadres de l'UMP insistent. Ils ne veulent pas que cela s'ébruite pour éviter de se tirer une balle dans le pied avant le 7 juin : il est plus que vraisemblable que la vignette automobile sera rétablie en France dès le 1er janvier 2010. François Fillon l'a déjà dit à maintes reprises : les caisses de l'État sont vides. Elles doivent vraiment l'être pour que le chef de l'État ait été poussé à accepter la proposition de Christine Lagarde, ministre de l'Économie (eh oui ! C'est son idée).
Cela fait des mois, cherchant par tous les moyens à redonner un peu d'oxygène au budget national, qu'elle fait le pied de grue à l'Élysée, pour que ce projet trouve l'aval de son patron. Nicolas Sarkozy, en bon animal politique, a toujours refusé cette mesure qu'il sait extrêmement impopulaire. Il faut dire que cela ne va pas être évident de jouer au président du pouvoir d'achat en rétablissant une taxe supprimée en 2001 par... Laurent Fabius, alors ministre de l'Économie de Lionel Jospin. C'est visiblement au début du mois de mars, lors d'une réunion à l'Élysée en présence du Premier ministre et des ministres concernés, que le président a cédé, mais il aurait, selon certains cadres de l'UMP, émis ses conditions : qu'il n'y ait aucune fuite avant les élections européennes et que la taxe ne soit rétablie que pour une durée limitée, le temps que le pays se remette quelque peu de la crise économique mondiale.
Pas sûr que cela rassure beaucoup les Français : la première fois qu'elle avait été instaurée, cela ne devait durer que quelques années et elle est restée en vigueur durant quarante-cinq ans. En 1956, les finances publiques françaises sont à sec, mais Guy Mollet veut trouver une nouvelle source de financement pour garantir un revenu minimum à toutes les personnes âgées de plus de 65 ans, via un nouveau Fonds national de solidarité. Le choix se porte sur l'automobile, produit considéré comme luxueux à l'époque. Cette fois, la taxe aura clairement un caractère écologique : le but sera de taxer les véhicules selon la règle du pollueur-payeur. Jean-Louis Borloo, ministre de l'Environnement, aurait d'ailleurs obtenu que les véhicules propres en soient exemptés. Du moins ceux achetés à compter du 1er juin 2009.
Le texte devrait être promulgué par décret lors de la deuxième quinzaine de juin, juste avant les premiers départs en vacances, une période connue pour ne pas être très propice aux manifestations. Si ce calendrier est habile, il n'en demeure pas moins que le nouveau gouvernement (un remaniement ministériel est imminent et sera de toute façon obligatoire à partir du 8 juin) devra se préparer à payer cette mesure au prix fort, car il est plus que probable que les vacances n'effaceront pas tout.
Olivier Postal